Edito du 7 mai 2017 A

Une certaine idée de la France ?

           Faut il avoir, comme le disait De Gaulle, une « certaine idée de la France » ? Doit-on sauver l’idée de « nation », souvent mise en accusation au profit d’un
mondialisme soumis à l’abrutissement de la culture de masse qui rétrécit la
personne à force de vouloir l’ouvrir en plus grand ? C’est dans les psaumes d’Israël, dans l’attachement prophétique à la Terre qui « ruisselle de lait et de miel », dans l’amour de Jérusalem que j’ai pu lire les paroles les plus passionnément attachées à l’enracinement d’un héritage conçu non pas comme un enfermement dans une citadelle mais comme la responsabilité de porter l’espérance à toutes les nations : « Toutes les nations marcheront vers ta Lumière » (Is 60, 3).

Je ne suis pas « citoyen du monde », slogan convenu qui n’engage à rien, mais fils d’une terre où j’ai reçu mon nom. L’identité est la condition de l’ouverture
et l’ouverture en retour la construit. Jérusalem a des portes et des murs.
Des portes pour s’ouvrir, des murs pour garder son âme. Il faut quitter le mythe de l’universalisme abstrait pour entrer dans le réel du particulier concret. Je suis fils de France par la chair, de Jérusalem par le Salut, de Rome par mon amour de l’Eglise. Faut-il aimer la France ? Oui sans doute, comme saint Jean Paul II aimait passionnément la Pologne. « Je suis fils d’une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de l’histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu et qui est restée elle-même », disait-il à l’UNESCO. La France est la fille ainée de l’Eglise par le sang de ses martyrs, par la ferveur de ses saints.

L’Eglise ne prend pas parti ni ne donne de consignes de vote. C’est sa prudence, c’est aussi sa grandeur. Il faut d’ailleurs avoir l’humilité minimale de croire que les gens sont grands et qu’ils n’attendent pas l’avis des pasteurs pour décider ce qui leur semble bon… Sa place n’est en aucun cas de s’immiscer dans des querelles partisanes. Elle annonce le Mystère du Salut, pas le prochain quinquennat.  Elle s’efforce de donner aux hommes de grandir en eux-mêmes, dans la clarté de leur conscience, pour choisir en vérité ce qui leur semble le plus juste, ou le moins mauvais pour le pays qu’ils aiment, comme on aime la terre où nous avons reçu la vie.

Père Luc de Bellescize

 

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