Edito du 5 mars 2017 A

Combat des esprits

Nous voici au grand désert, à l’heure du choix de Dieu. Esprit contre esprit. L’Esprit de communion contre l’esprit de division, celui qui fera tout pour séparer le Christ de l’amour du Père : « Si tu es le Fils de Dieu… ». « L’es-tu vraiment ? »
Le refrain satanique revient comme il reviendra à l’heure de la Croix, quand tombe le poids du jour et de la souffrance, le temps du désert où le peuple voulut retourner à l’esclavage plutôt que de risquer le fardeau d’être libre. La plus grande tentation ne touche pas à l’attrait des choses mais à la persévérance dans l’être. Elle n’est pas d’abord celle des satisfactions charnelles, ni même celle du pouvoir ou de l’avoir mais celle de se couper du Père, de se vouloir sa propre origine et sa propre fin.

Le Christ se reçoit du Père et lui remet sa vie. La première obéissance est celle que nous devons à nous-mêmes comme des fils bien aimés du Père. Nous avons tous été affectés il y a quelques temps par le départ du Père Gréa à Lyon, hautement médiatisé car un seul prêtre qui tombe fait plus de bruit que le peuple immense de ceux qui tiennent leur fidélité. Je voudrais en dire un mot, car j’ai entendu ou lu qu’il avait le « droit d’aimer »… Ce qui suppose qu’un prêtre se prive naturellement d’aimer… Triste vision du sacerdoce … Je ne veux en aucun cas juger l’âme de mon frère.
Cela pourrait bien m’arriver, car nous sommes des êtres fragiles. En ce sens les
paroissiens sont aussi responsables de leurs prêtres… Il y a pourtant quelque chose qui m’attriste, davantage que sa chute, c’est qu’il écrive à ses paroissiens que son départ est selon lui « la volonté de Dieu ». Il ne faut jamais faire passer l’inconstance de nos cœurs infidèles pour la volonté de Dieu. Dieu reste toujours fidèle à sa Parole et à ce qu’il donne.

Nous sommes appelés comme prêtre à aimer toujours davantage, à renoncer à l’esprit de possession et à devenir le serviteur de la vie de ceux que le Seigneur nous donne. Voilà l’amour éternel qui se tient au sacrifice de la Croix, dans la promesse de la résurrection. Pourvu que nous ayons toujours cette force. J’ai toujours en mémoire ces paroles du rite de l’ordination : « Conformez-vous au mystère de la Croix du
Seigneur ». Je ne soupçonnais pas leurs poids. Je les ai entendues dans l’insouciance de ma jeunesse, je sais qu’il me faudra les vivre aux heures de combat. Avec la grâce de Dieu.

Père Luc de Bellescize

 

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