Edito du 11 décembre 2016

Gaudete in Domino

           Je suis parvenu à obtenir mon diplôme de directeur de camp donné par le ministère de la jeunesse et des sports, suite à cinq années d’une formation procédurière, née d’une administration tellement lourde qu’elle étouffe la vie, faite de bureaux, de rapports, de renvois, de stages où l’on ne cesse de se remettre en question, de revoir ses manières de faire, d’exercer publiquement son autocritique. J’y ai rencontré aussi des gens exceptionnels. « Celui qui n’est pas contre vous est pour vous », dit le Christ (Lc 9, 50). Mais lors de mon rapport final, l’un des formateurs m’a demandé de retirer de mon rapport le mot de Joie, car c’était selon lui un mot « trop chrétien », et de le remplacer par le mot de bien être. Le « bien être » est une considérable réduction du mystère de la joie.  Mais quel hommage à notre foi que de dire que le mot de joie est « trop chrétien » !

« Hé bien, dit Bernanos dans le Journal d’un curé de campagne par la voix du curé de Torcy, l’Église a été chargée par le bon Dieu de maintenir dans le monde cet esprit d’enfance, cette ingénuité, cette fraîcheur.
Je voudrais tenir l’un de ceux qui me traitent d’obscurantiste, je lui dirais : « Ce n’est pas ma faute si je porte un costume de croque-mort. Après tout, le Pape s’habille bien en blanc, et les cardinaux en rouge. J’aurais le droit de me promener vêtu comme la Reine de Saba, parce que j’apporte la joie.
Je vous la donnerais pour rien si vous me la demandiez. L’Église dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce triste monde. »

Quelle est cette joie ? Celle d’attendre avec la Vierge sainte un enfant dans la nuit de Noël, le Rédempteur de l’homme, celui qui brisera les portes de la mort. La joie est un mystère suspendu à des épines, mais laissez moi vous le redire : Gaudete in Domino! « Réjouissez vous dans le Seigneur », car il est proche. « Notre Dame au sourire » sourit même à travers ses larmes. « Les larmes sont l’extrême sourire » écrivait Stendhal. Un fils lui est donné pour qu’elle le porte au monde. Il vient pour vivre, il vient pour mourir, il vient pour se lever du tombeau vide. Notre joie a traversé les
ténèbres. Qui pourrait nous la retirer ?

Père Luc de Bellescize

 

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