Edito du 30 octobre 2016

Zachée de Jéricho

Il est des pages d’Évangile plus faciles ou plus connues que d’autres… au moins en apparence ! La montée de Jésus à Jérusalem fut longue depuis le chapitre 9 de saint Luc.
Le détachement radical qu’il demande pour le suivre, le discernement des intentions secrètes de nos actes, la lumière obscure des paraboles, le don si exigeant de la condition d’enfant de Dieu : que le chemin fut rude ! Mais voici enfin Jéricho, ultime étape.
La procession se forme comme une grande liturgie. Les yeux de l’aveugle Bartimée s’ouvrent tandis que le cœur des apôtres reste dans l’incompréhension. Quel est ce Messie qui s’apprête à entrer dans la ville sainte, sa ville, pour y vivre sa passion, sa mort et sa résurrection ?

Jéricho, comme Paris, est une ville apparemment riche. Son opulence économique recouvre et cache plus ou moins bien la misère et la tristesse de l’homme, du pauvre aveugle comme du riche Zachée. Tous deux sont perdus, et pourtant traversés par le même désir, le plus secret et profond du cœur de l’homme : nous voudrions voir Jésus. En ce point le plus bas de la terre, en cette cité de mort, apparemment la plus éloigné de Jérusalem, d’où jaillit la vie et la paix, Jéricho devient le lieu d’une espérance renversante et d’un acte de foi bouleversant. Le Christ passe, appelle et guérit. Il descend pour habiter chez Zachée, son abaissement annonce son élévation sur la croix.

Voir le Christ, c’est accepter d’être vu de lui, et se laisser transformer par lui. Zachée, lui aussi, descend de son arbre et sa confiance l’ouvre à la charité même du Christ. Sauvé en se reconnaissant aimé, il peut aimer à son tour. Il entre dans la logique de l’amour et dans la procession qui conduit le Christ à offrir sa vie pour le salut des hommes à Jérusalem. Il est réintégré dans l’alliance des fils d’Abraham, dans le peuple ceux qui croient que rien n’est impossible à Dieu et que la vie est plus forte que la mort. Sauvé par le Messie, il devient sauveur. Il participe à la rédemption du monde, à l’édification de la Jérusalem céleste, à cette communion de tous les saints. C’est de là que nous venons et c’est vers elle que nous marchons, en la recevant et en la construisant chaque jour.

Père Jean-Baptiste Arnaud

J'aime ma paroisse : je donne au denier !