Edito du 25 septembre

« Devant le portail du riche gisait un pauvre nommé Lazare ». Notre Dieu s’est fait pauvre et les pauvres ont toujours été considérés par l’Eglise comme un reflet du visage souffrant du Seigneur. « Ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait ». (Mt 25, 40). Il y a un pauvre dressé sur le chemin de chaque vie humaine où se vérifie la vérité de notre union au Christ. On a toujours besoin d’un plus petit que soi… Il n’est pas reproché au riche d’être riche, mais de n’avoir jamais vu Lazare. Quel est le pauvre qui accompagne ma vie ? Tel enfant, tel époux souffrant, tel père ou mère, tel malade ? Peut-être que pour certains, c’est dans l’acceptation de nos propres blessures, de nos faiblesses, de notre vulnérabilité, que se joue le rapport au pauvre. Nous sommes à nous-mêmes notre premier pauvre. Une société qui veut éliminer celui qui ne « rapporte » rien : l’enfant à naître, le vieillard, le malade, devient satanique et infernale. Elle se laisse guider exclusivement par la volonté de puissance. Mais là où une société devient servante de la vulnérabilité des êtres, là est le Royaume de Dieu. Le général de Gaulle avait une fille lourdement handicapée. Quand il rentrait parfois après une journée harassante, il passait du temps avec elle, il se montrait rempli de tendresse. Sans doute a-t-elle été pour lui, dans les tentations qui entourent inévitablement les hommes de pouvoir, une ouverture à la grâce.

Cet évangile nous fait aussi méditer sur la mort et le poids éternel de chaque instant qui passe. Valdès Léal, peintre baroque espagnol, a deux tableaux effrayants qui représentent des évêques, des princes et des rois, revêtus d’habits splendides, mais dont le corps est décomposé dans leur cercueil. Au centre du tableau, une balance tenue par la main de Dieu pèse les âmes. Sic transit gloria mundi. Ainsi passe la gloire du monde. « Le pauvre mourut. Le riche mourut aussi. » Finalement la seule égalité, c’est celle de la mort. « Que vous soyez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », mais nous serons tous à nu devant le jugement de Dieu. La mort dépouille l’homme des masques dont il s’est paré toute sa vie. Chaque heure qui passe est dense de vie éternelle, si nous la vivons dans le don de nous-mêmes, ou vide du néant si nous la dispersons dans le repli sur soi et l’indifférence au reste des hommes.

 

Père Luc de Bellescize

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