Edito du 22 novembre 2015

"Alors, tu es roi ?"

 

« Mon Père, nous sommes très touchés par la tragédie de vendredi soir. Nous sommes avec les parisiens et le peuple français. Bien à vous." Rafal Dutkiewicz, maire de Wroclaw.

Nous sommes nombreux à avoir reçu ces derniers jours des messages d'amitié qui nous touchent et nous émeuvent.

Ils manifestent de manière singulière que si l’épreuve est toujours personnelle, elle ne peut être vécue que dans la fraternité.

C’est bien à cela que nous sommes appelés, baptisés : manifester que cette fraternité n’est pas un mantra que l’on ânonne dans les moments d’angoisse, pour l’oublier aussitôt que le danger s’éloigne en retrouvant ainsi ses réflexes égoïstes et individualistes.

Notre fraternité ne jaillit pas de l’émotion pour retourner ensuite aux oubliettes du narcissisme moderne.

Elle s’enracine dans ces deux mots qui, en toute langue, disent l’essentiel de notre foi : « Notre Père ». Cet appel qui se fait prière, nous rappelle à l’ordre en même temps qu’il nous oblige. Notre fraternité ne repose pas sur des rêves romantiques d’un monde gentil où tout ne serait que douceur et naïveté. Nous savons que des frères peuvent se vouloir du mal, qu’ils peuvent se jalouser, qu’ils peuvent aller jusqu’au meurtre. Mais nous savons aussi que nous sommes destinés à la communion, et que cette communion trouve sa source dans le Christ.

Il est le roi que nous avons choisi, librement, de suivre. Il nous y a appelé et nous voulons répondre même si nos « oui » sont fragiles et pauvres. Reconnaître le Christ comme roi c’est accepter que sa Parole pétrisse notre coeur et fasse de nous des artisans de paix. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui exigent la justice et oeuvrent pour qu’elle soit appliquée, mais qui renoncent à la vengeance et à la haine. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui se savent l’impérieux devoir de veiller sur leurs frères, ceux qui sont seuls, ceux qui sont pauvres, ceux qui ont peur et qui n’ont personne à qui confier angoisse ou chagrin.

Au-delà de l’émotion, nous sommes ceux qui portent la Promesse d’un Royaume nouveau qui déjà germe au milieu des guerres et des crimes. En dénonçant les faux dieux ainsi que leurs faux prophètes, nous voici en même temps convoqués par l’histoire à exprimer par nos actes la Vérité et la Vie.

Oui, les temps que nous connaissons, sont incertains et inquiétants. Oui, la violence démoniaque nous blesse et nous remet en cause. Mais ne cédons pas à la tentation du Malin qui ne mesure la force d’un homme qu’à la puissance de ses armées. Nous ne sommes pas les défenseurs du Christ, il est, Lui, notre défenseur : « Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jean 18,37)

Père Benoist de Sinety

J'aime ma paroisse : je donne au denier !